J'ai de temps en temps de moments de la vérité avec moi même.
Et, d'habitude, je tombe dans un état de léthargie énergétique et émotionnelle, ou d'analyse et de contestation de toutes mes décisions passées.
Je me souviens d'une discussion que j'ai eue avec le chum d'une amie il y a plus de 20 ans. Comme d'habitude, j'étais toujours dans mes livres, fascinée de je ne sais pas quel auteur et perdue pour toute la journée à chercher son oeuvre dans la bibliothèque poussiéreuse de ma petite ville natale.
En soirée, on est donc sorti pour prendre un verre, c'était fin d'août, autour de 18-20 degrés à 22 h. Et nous avons discuté de ce qui est important dans la vie. Et moi, j'ai dit que j'adore les livres, que je ne pourrais pas vivre sans lire. Mon amie me connaissait bien, elle souriait. Mais son chum était choqué. Il ne pouvait pas comprendre, il m'a dit que je vais rater ma vie si je continue. Et j'ai lui demandé ce que lui considérait important dans la vie. Il m'a répondu qu'une belle femme (préférable une autre chaque jour), un verre et la nuit d'après. Et de plus, qu'il n'a jamais lu un seul livre dans sa vie, mais qu'il est heureux. Et que je ne sais pas ce que je perds, pauvre moi.
J'ai lui répondu, en prenant mon jus d'orange, que c'est lui le perdant dans la vie. Il ne peut même pas imaginer combien pourraient lui apporter les livres. Je me suis laissée aller partout et j'ai vécu les plus belles histoires du monde en lisant. Les femmes, ne me passionnent pas. Un verre c'est toujours trop pour moi. Et la nuit d'après, si ne m'apporte pas l'ivresse d'amour, ce n'est rien pour moi.
Si je le rencontrais aujourd'hui, je suis sure que je ne lui parlais pas. En fait, nous avons fait la sourde oreille un à l'autre. Et nous appartenons à des mondes différents, c'est normal que je ne comprenne pas ce qu'il apprécie dans sa vie et lui non plus ce que j'apprécie.
Mais une question reste: c'est lequel le raté? De temps en temps, je suis très convaincue que moi.